Parution d'articles de presse web concernant édifices religieux, œuvres d'arts ou manifestations chrétiennes.
13 Avril 2021
© Ville de Givors - Le tableau de Jean Vivien destiné à être exposé dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Caroline Becker - Publié le 12/04/21
Tout commence à l’occasion de la restauration des œuvres d’art conservées dans l’église Saint-Nicolas de Givors (Rhône). Riche de plusieurs œuvres remarquables, la ville entreprend depuis plusieurs années une restauration minutieuse de ses trésors d’art sacré. Parmi les chefs-d’œuvre conservés, un tableau illustrant l’Adoration des rois mages.
Attesté dans la petite église depuis 1906 et noirci par le temps, le tableau n’attire pas spécialement l’attention des historiens de l’art jusqu’à ce que l’œil avisé de Benoît Faure-Jarrousson, de la société d’Histoire de Lyon, se penche dessus d’un peu plus près. Sur la toile, il remarque deux signatures : A. Magimel et A. Lagneau. « Nous pensions à l’origine qu’il s’agissait de peintres lyonnais mais nous n’avons rien trouvé dans les archives. C’est en m’intéressant à un autre tableau de l’église, acheté après la Révolution française et provenant d’une église de Paris, que j’ai commencé à fouiller du côté des archives parisiennes », confie le spécialiste à Aleteia. Et que ne fut par sa surprise en découvrant que les noms inscrits sur le tableau ne correspondaient pas à des peintres mais à des commanditaires appartenant à la corporation des orfèvres de Paris !
En effet, le contrat, daté de 1697 et conservé aux archives nationales, stipule qu’Antoine Lagneau et Antoine Magimel ont commandé un tableau au peintre Joseph Vivien (1657-1734) destiné à orner la nef de Notre-Dame de Paris. La confrérie des orfèvres de Paris avait pour usage d’offrir chaque année, de 1630 à 1707, un tableau de grand format à la cathédrale parisienne. La cérémonie qui accompagnait ce don, destinée à la Vierge Marie, se tenait tous les mois de mai. 76 may de Notre-Dame ont été réalisés en tout. Malheureusement, à la Révolution française, les biens de l’Église ont été saisis, vendus et dispersés. Aujourd’hui, 51 Mays conservés ont été localisés. Certains sont exposés dans plusieurs églises de France, d’autres roulés dans les dépôts du musée Louvre à Arras. Le tableau de Jospeh Vivien est le 52e May réalisé pour Notre-Dame de Paris. Représentant l’Adoration des Mages, sa composition était inconnue jusqu’alors. Aucun dessin préparatoire n’a jamais été retrouvé. « Seul un petit croquis très ressemblant dessiné par le peintre Gabriel de Saint-Aubin dans un petit carnet atteste qu’il s’agit bien du tableau », précise Benoît Faure-Jarrousson.
L’on ne sait pas exactement quand cette toile est arrivée à Givors, sa dernière mention se trouve dans le catalogue d’un marchand d’art parisien en 1810. Il n’a plus jamais été localisé par la suite. Comment est-il arrivé à Givors ? On sait que le principal acheteur de la vente de 1810 était le cardinal Fesch, oncle de Napoléon Bonaparte et archevêque de Lyon qui a amassé une collection considérable. La toile, dont la présence est attestée depuis 1906 dans l’église Saint-Nicolas, a pu être installée vers 1820 après la construction de l’édifice ou bien même en 1890 à la suite d’importantes transformations du sanctuaire.
Très abîmé par le temps et les infiltrations, le tableau va désormais être envoyé en restauration et présenté à la commission des Monuments historiques afin de procéder à son classement. Fera-t-il l’objet d’une exposition exceptionnelle ? « L’exposer dans la Notre-Dame de Paris avec d’autres Mays pour célébrer la réouverture de la cathédrale serait symboliquement très fort », conclue l’historien. « Après le dramatique incendie qui a touché la cathédrale Notre-Dame de Paris il y deux ans, retrouver un pan de son histoire à Givors a une saveur particulière » a déclaré Mohamed Boudjellaba, maire de Givors.
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP
Notre-Dame de Paris sans trumeau et sans galerie des rois, avant 1843
Cette photo, prise avant les grands travaux de Viollet-le-Duc commencés en 1843, montre Notre-Dame comme on la connaît peu. En 1771, l'architecte Jacques-Germain Soufflot supprime le trumeau médiéval du portail du Jugement dernier et une partie du linteau pour faciliter le passage du dais lors des processions. Une arcade en bois évoquant Marie remplace le vide. Les portes sont également remplacées et représentent le Christ portant sa croix ainsi que Marie pleurant de douleur la mort de son fils. On remarque également, au dessus des portails, que la galerie des rois est vide. L'ensemble des sculptures avaient été détruites à la Révolution française et jamais remplacées jusqu'à l'intervention de Viollet-le-Duc.
L'état des arcs boutants avant restauration de Viollet-le-Duc, 1851
Dans la première moitié du XIXe siècle, Notre-Dame de Paris est dans un tel état de décrépitude suite à de nombreuses démolitions et saccages que les autorités parisiennes envisagent sa destruction pure et simple. Heureusement l'engouement populaire et la sortie du roman de Victor Hugo Notre-Dame publié en 1831, qui connait un succès immédiat, stoppent la folie des démolisseurs. En 1851, le photographe Henri Le Secq immortalise les arcs-boutants de la cathédrale. Plusieurs pierres ont chuté, témoignant de l'état catastrophique de Notre-Dame.
Notre-Dame de Paris avant sa restauration, 1852
Cette photo, prise vers 1852 par Edouard Baldus, donne un bon aperçu de l'état de la cathédrale et les aménagements aux alentours. Des maisons, aujourd'hui disparues, venaient s'accoler sur la façade sud.
Notre-Dame de Paris sans flèche, avant 1853
Prise en 1853, cette photographie de Charles Nègre montre les évolutions de Notre-Dame de Paris suite aux restaurations de Viollet-le-Duc. La galerie a désormais retrouvé ses 28 rois de Juda, reconstitués grâce à l'atelier de Geoffroi-Dechaume. Au portail central, les artisans s’affairent à la restauration de la porte afin de restituer le linteau et le trumeau d'origine comme en témoigne le grand échafaudage installé. Au niveau des galeries supérieures, on remarque les chimères installées par Viollet-le-Duc qui n'existaient pas à l'époque médiévale. Enfin, la grande flèche néogothique imaginée par Viollet-le-Duc pour remplacer celle du XIIIe qui avait été démontée, n'existe toujours pas à cette époque.
La Stryge juchée sur la balustrade de la cathédrale, 1853
Prise en 1853 par Charles Nègre, cette photographie permet d'admirer de plus près les chimères, ces statues fantastiques ajoutées par Viollet-le-Duc sur la cathédrale. Ici, la fameuse Stryge, sans doute la plus célèbre des chimères, un esprit nocturne malfaisant. Pour Viollet-le-Duc, ces statues monumentales effrayantes étaient destinées à recréer l'atmosphère fantastique qu'il imaginait du Moyen Âge.
Façade de la cathédrale décorée à l'occasion du mariage de Napoléon III et Eugénie, 1853
Quelques mois après sa restauration, la façade de la cathédrale est décorée de tentures à l'occasion du mariage de Napoléon III et Eugénie célébré en 1853.
Notre-Dame de Paris décorée pour le baptême du prince impérial, 1856
Trois ans après, la façade de Notre-Dame de Paris est à nouveau décorée à l'occasion du baptême du prince impérial, Eugène Louis Jean Joseph Napoléon, le fils tant attendu de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie.
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP
Echafaudages sur le chevet de Notre-Dame, 1853
En 1853, les travaux vont bon train sur le chevet de Notre-Dame envahie par les échafaudages.
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP
Portail pendant les travaux de Viollet-le-Duc
Les travaux de Viollet-le-Duc s'étalent durant vingt ans. Alors que le portail central a retrouvé son allure médiévale, le reste du chantier se poursuit comme en témoignent les débris qui s'accumulent devant la cathédrale.
Notre-Dame de Paris et l'ancien Hôtel-Dieu aujourd'hui détruit, avant 1867
L'Hôtel-Dieu, le plus ancien hôpital de Paris, construit à côté de la cathédrale à partir du VIIe, occupait, à l'origine, l'autre côté de l'actuel parvis, comme en témoigne cette photographie prise avant 1867, date à laquelle la destruction du bâtiment a commencé.
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP
La construction du nouvel Hôtel-Dieu au Nord du parvis, non datée
Il va finalement être reconstruit au nord du parvis comme en témoigne le chantier qui démarre au premier plan. L'hospice des enfants trouvés, qui faisait face à la cathédrale, et que l'on voit encore ici, va lui aussi disparaître et laisser place au grand parvis que nous connaissons aujourd'hui.
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP
Construction du nouvel Hôtel-Dieu, non datée
Quelques années plus tard, le nouvel Hôtel-Dieu poursuit sa construction à proximité de Notre-Dame de Paris.
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP
Construction de la nouvelle flèche, 1857
En octobre 1857, Viollet-le-Duc reçoit l'approbation pour la construction d'une nouvelle flèche. Il charge le charpentier Bellu de la reconstruire afin de remplacer l'ancienne, démontée entre 1786 et 1792.
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP
La nouvelle flèche de Notre-Dame de Paris, 1892
Le modèle est très différent de la flèche précédente. L'ancienne était un clocher qui abritait cinq cloches. La nouvelle, imaginée dans un style néogothique, est constituée de 500 tonnes de bois, 250 tonnes de plomb et culmine à 96 m du sol. Prise en 1892 par Médéric Mieusement, cette photographie montre une flèche flambant neuve.
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP
L'intérieur de Notre-Dame de Paris, 2e moitié du XIXe siècle
Pénétrons à l'intérieur de la cathédrale. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'aménagement est bien différent de celui que l'on connait aujourd'hui. On retrouve les grands lustres réalisés par Viollet-le-Duc mais placés autrefois devant les piliers alors qu'aujourd'hui ils sont placés entre. Au fond, on aperçoit le chœur dont l'accès est limité par une barrière en fer forgée qui n'existe plus aujourd'hui.
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP
Vue sur la nef et l'une des tribunes de Notre-Dame de Paris, 2e moitié du XIXe siècle
Médéric Mieusement a réalisé de nombreuses photographies de l'intérieur de Notre-Dame dans la seconde moitié du XIXe siècle. De cet angle, on aperçoit les chaises qui envahissent la nef mais aussi les bas-côtés de la cathédrale.
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP
Vue sur une tribune de Notre-Dame de Paris, 2e moitié du XIXe siècle
À cette époque, les tribunes étaient accessibles comme en témoignent les chaises disposées un peu partout.
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP
La statue de la Vierge Marie, 2e moitié du XIXe siècle
La célèbre statue de la Vierge Marie, réalisée au XVIe siècle, appartenait autrefois à la chapelle Saint-Aignan du Cloître Notre-Dame. Placée sur le trumeau du portail de la Vierge en 1815, elle y reste jusqu'en 1855. À cette date, Viollet-le-Duc la déplace à l'intérieur de la cathédrale où elle demeure depuis. Au XIXe siècle, un grand dais et une petite barrière l'entourent pour la protéger.
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP
Statue de la Vierge Marie placée sur le portail, 1852
Cette photographie, prise par Charles Marville en 1852, permet de constater que la statue de la Vierge Marie, aujourd'hui placée à l'entrée du chœur, prenait bien place sur le trumeau du portail de la cathédrale avant 1855.
L'autel au XIXe siècle, non datée
Cette photographie, non datée, témoigne des anciens aménagements liturgiques de Notre-Dame de Paris. Au XIXe siècle, l'autel principal prenait place devant la célèbre descente de croix de Nicolas Coustou et François Girardon. Une grande croix et six chandeliers prenaient place dessus.