22 Décembre 2021
J’ai l’impression que mon ventre s’arrondit. C’est ce qu’on regarde en premier quand je vais à la fontaine ou au marché. En parler à Joseph ? Il ne me croira jamais. Comment lui faire avaler que c’est le Saint-Esprit ?
Joseph est passé ce soir en rentrant de l’atelier. Il ne regarde que mes yeux noisette, il n’a pas vu que mon ventre s’arrondissait. Je lui ai tout raconté : l’autre nuit, le sentiment de chaleur envahissante, mon amour et ma tendresse pour lui, mais aussi mon vœu d’être la servante du Seigneur et de m’accorder à sa Parole…
Joseph m’a crue. Il a pris ma main, posé l’autre sur mon ventre et sa tête sur mon épaule et s’est mis à fredonner le psaume de sa voix douce :
« Tu as aimé, Seigneur, cette terre… Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut. Son salut est proche de ceux qui le craignent, et la gloire habitera notre terre. Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin. »*
Et je pensais : « Oui, le Seigneur se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais.» Et si c’était maintenant le temps favorable, le jour du salut ? Comment faire comprendre que son salut est proche ? L’accueillir, tout simplement ?
Joseph a relevé sa tête, m’a regardé et m’a dit : « Si c’est un garçon, on l’appellera “Emmanuel”. »
* Psaume 84, 2. 7-14.