« Pardonnez, et vous serez pardonnés » (Lc 6, 36-38) - Évangile du jour

Illustration: Christ en marbre exposé au Chateau-Saint-Ange à Rome.

Michel Cool-Tadel

Évangile du jour: « Pardonnez, et vous serez pardonnés » (Lc 6, 36-38)

« Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux ». Être miséricordieux comme le Père, c'est d'abord avoir vécu cette expérience. Il est difficile de mettre en pratique quelque chose qu’on n'a pas essayé. En ce sens, il y a une invitation implicite dans l'Évangile d'aujourd'hui à faire l'expérience de la miséricorde de Dieu.

Quiconque a vécu ce type d'expérience peut la vivre et la transmettre aux autres. C'est se sentir libéré, accueilli, aimé surtout quand on n'a aucun mérite et que tout crie contre nous. La miséricorde, c'est de se voir atteint dans sa propre misère par une main qui vous sauve, qui vous tire hors de l'eau des péchés dans laquelle vous vous noyiez. La miséricorde c'est savoir qu'aux yeux de quelqu'un tu ne coïncides pas avec tes chutes mais avec tout ce bien que tu n'as pas encore su faire ressortir mais que tu es maintenant enfin en mesure d'exprimer. Et, à partir de là, comprenez les autres demandes de Jésus : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera ». Ceux qui jugent ne se rendent pas compte que très souvent leur jugement ne fait pas ressortir le meilleur d’eux-mêmes mais plutôt le pire. Ceux qui aiment vraiment appellent les choses par leur nom, quitte à créer des désaccords, mais ils ne transforment jamais la vérité en un doigt accusateur ou blessant. Ceux qui condamnent décrètent la fin d'une vie parce qu'ils la clouent à l'irréparable. Qui aime vraiment sauve de la condamnation et offre toujours une autre chance. Celui qui pardonne guérit le mal à sa racine et rend impossible la propagation du ressentiment et de la vengeance. Celui qui donne éprouve la joie chrétienne qui jouit du don de soi et non pas de la logique de la domination ( vouloir toujours avoir raison) et de la possession ( mettre l’autre à notre merci; l’abus de pouvoir).

Commentaire de Luigi Maria Epicoco, prêtre, théologien, philosophe et écrivain italien auteur de « Seuls les malades guérissent », Editions Salvator, 2022.