"L’Amour de Dieu" - Homélie de Mgr Paul

Icône byzantine peinte à la main de Jésus-Christ le Bon Pasteur

Dieu n’a pas envoyé́ son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui (Jn 3,17).

L’Amour de Dieu

12 février, 2023

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen.

Bien-aimés frères et sœurs en Christ,

« Dieu n’a pas envoyé́ son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3, 17). Pourtant, le verset suivant dit : « Qui ne croit pas est déjà̀ jugé » (Jn 3, 18). Il est impensable que le Christ se contredise puisqu’Il est la Vérité même (Jn 14, 6). Il ne peut être heureux tant que ses enfants errants ne soient pas rentrés à la maison.

Dieu a créé Adam avec un esprit spirituel, une faculté noétique, avec laquelle il pouvait jouir de Dieu, comme le dit saint Maxime le Confesseur. Le plaisir pour Adam était un plaisir spirituel, pas un plaisir charnel. Mais, comme le poursuit St Maximos, Adam « a tourné son esprit spirituel vers les choses sensuelles et a commencé à éprouver un plaisir contraire à sa nature donnée par Dieu ». La douleur est entrée dans l’humanité lorsque, par sa faute, sa nature naturelle semblable à Dieu est devenue une nature charnelle déchue. « Les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises » (Jn 3, 19).

Mais le Christ veut absolument sauver Ses enfants. « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Romains 5, 20). Il veut non seulement que nous évitions la condamnation, mais que nous participions à sa nature divine : « Les précieuses, les plus grandes promesses nous ont été́ données, afin que vous deveniez ainsi participants de la divine nature, vous étant arrachés à la corruption qui est dans le monde, dans la convoitise (2 Pierre 1, 4). Il nous propose de faire partie de Lui. Saint Paul va même jusqu’à appeler l’Église « Christ » (cf. 1 Co 12, 12). Nous faisons partie de Son Église, donc nous faisons partie du Christ. Avant sa conversion, saint Paul avait persécuté l’Église. Mais au moment de sa conversion, Notre-Seigneur lui dit : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? (Actes 9, 4).

Dieu est présent partout et dans chaque partie de la nature. De nombreux saints celtiques ont développé des liens étroits avec des animaux sauvages, comme Notre-Seigneur dans le désert parmi les bêtes sauvages qui ne lui ont pas fait de mal. Une charmante anecdote raconte l’histoire de Mochua, un disciple irlandais de St Colomba. Il vivait en ermite et n’avait pour compagnons qu’un coq, une souris et une mouche. Chacun l’aidait à sa manière : le coq chantait à minuit pour le réveiller pour les Matines, la souris lui mordillait l’oreille pour le réveiller pour son premier office du matin, et la mouche marchait le long de chaque ligne tandis qu’il lisait le Psautier. La sensibilité celtique à la beauté de la nature et à la présence de Dieu dans toutes les choses créées a conduit à une merveilleuse floraison de poésie de la nature et de poésie spirituelle.

Certaines personnes préfèrent l’obscurité à la lumière. Ils ne peuvent pas voir la présence divine dans la nature, entendre les mélodies ravissantes de la musique de concert ou apprécier les icônes et les grands maîtres de l’art – même l’amour et la beauté divine de Dieu sont perdus pour eux. N’est-ce pas là un jugement qu’ils portent sur eux-mêmes ? Pour ceux-là, qu’ils fassent leur la prière de St Tugdual où il supplie Dieu de faire des prouesses d’Amour pour charmer et garder l’homme, le porter et l’encourager, l’enthousiasmer et le glorifier – sinon l’homme ne pourra jamais Le rejoindre.

Oui, Seigneur, je t’en prie, comble-nous de Ta grâce et envoie-nous des torrents de Ta douceur afin que le goût du péché nous soit ôté, et que nous ne soyons attirés que par Ton Amour Infini.

Amen.